La Mère des Dragons

Les armées de Bélisaire avançaient aux confins de l'Empire, cherchant la bataille décisive contre les Perses.

C’est à ce moment qu’un berger arménien, le visage marqué par l’effroi, s’avança vers le général. Il raconta qu’un dragon d’une taille gigantesque avait fondu sur son troupeau, avant de se retrouver piégé dans l’enclos censé abriter ses malheureux moutons. Depuis lors, une couvée de jeunes dragons, certainement nés de la bête maudite, volait en cercles menaçants au-dessus de la vallée, semant terreur et désolation parmi les habitants.

Bélissaire compris que cette épreuve lui était personnellement destinée. N'écoutant que son courage, il releva, orgueilleusement, le défi.

Le Jour des Morts

Il n'y avait plus aucun respect envers les défunts. Leur mémoire était désormais souillée par des festivités grotesques, où se mêlaient toutes sortes d'imposteurs ridicules et puérils, préférant se gaver de friandises plutôt que d'honorer les disparus. Une sorte de folklore mercantile tentait de prendre la place d'une tradition honorable !

La Mort l'avait décidé : cette bouffonnerie extravagante devait disparaître, et ces pitres risibles méritaient une bonne sanction ! Elle convia donc l'Esprit d'Halloween à une rencontre près de l'ancien cimetière.

La fin des illusions

La France, sûre de sa considérable puissance militaire, et à l'abri derrière sa ligne Maginot imprenable et de l'infranchissable forêt des Ardennes, était persuadée que jamais l’ennemi ne pourrait percer ses défenses. Mais quand les hordes allemandes se jetèrent sur l'Europe occidentale, ces illusions s’effondrèrent en quelques jours.

Conomor le Maudit

Conomor était d’une cruauté sans limites. Une prophétie annonçait qu’il périrait de la main de son propre fils ? Pas de problème : le comte du Poher faisait exécuter ses compagnes dès qu’elles annonçaient une grossesse.

Pourtant, le païen Conomor épousa la fille du comte de Vannes, la très chrétienne Tréphine. Informée du sort réservé aux précédentes épouses, elle cacha sa grossesse et s'enfuit. Elle donna naissance à un fils qu’elle nomma Gweltas. 

Conomor, fou de rage, traqua sa dissimulatrice de femme, et d'un geste auguste la décapita. Mais la malheureuse Tréphine, dans un ultime sursaut maternel, ramassa sa tête, prit les jambes à son cou et son enfant dans les bras. Elle courut à en perdre haleine jusqu’à une église et rendit l'âme. Le nourrisson fut recueilli par saint Gildas, qui l'éleva sous sa bienveillante protection.

Le baron rouge et l'homme vert

Comme beaucoup d'étudiants en xénobiologie, D'bnGhtñRiùupK'gn£e, que ses amis surnommaient Xav, avait choisi la terre pour son stage de fin de cycle. Son sujet n'était pas original, mais s'inscrivait dans une longue tradition d'études qui avaient fait la renommée de son université : la fabrication du beurre.

Malheureusement, alors qu'il s'apprêtait à récupérer une vache avec un rayon tracteur, un projectile humain a touché et endommagé son vaisseau. Depuis qu'ils avaient découvert le feu, ces exaspérants bipèdes qui peuplaient la terre n'en finissaient plus de se battre et d'inventer des moyens de plus en plus sophistiqués pour s'autodétruire ! Il ne fallait pas qu'ils mettent la main sur l'astronef.

Le Génie dépossédé

Ces fieffés humains avaient construit un sanctuaire sur la Source de Lumière, à l'origine de la Magie dans le désert. En confondant savoir et pouvoir, ils menaçaient encore une fois l'équilibre des mondes visibles et invisibles. 

Pour Bloudenime, le Génie, il fallait agir, et vite ! S'il ne disposait plus des pouvoirs extraordinaires qui avaient fait sa renommée, il disposait encore d'une force colossale, et avait de nombreux amis et alliés qui seraient ravis de corriger ces horribles bipèdes arrogants.

Les Platistes

Évidemment ! La terre est plate ! Les nouveaux moyens de communication, les réseaux sociaux en tête, auront enfin permis de tordre le cou aux croyances mensongères colportées par la Science depuis de trop nombreuses années. Le peuple, fort de sa sagesse originelle, a pu ainsi se soulever et dénoncer l'obscurantisme étatique pour revenir aux Lois Universelles.

 
Sous la conduite de Guides éclairés, nombreux se soulevaient pour se libérer des entraves des discours officiels asservissants. Mais le pouvoir aux abois mena une politique de répression d'autant plus violente, qu'au pays de Descartes, les puissants n'acceptaient pas la contestation. Les communautés tombèrent, les unes après les autres. Jusqu'au jour où il n'en resta plus qu'une seule.

Chasse aux Œufs

Les premiers jours du printemps était de plus en plus insupportable pour les habitants du Bois du Croque-feuillu. En effet, de monstrueux poussins aux couleurs criantes, issus dont on ne sait où, envahissaient la campagne qu'ils tapissaient d'œufs écœurants et bigarrés.

Excédée, Ysandra Crochedoigt, la sorcière, convia ses consœurs et autres familiers pour frapper et en finir une fois pour toute : on a beau être maléfique, la tranquillité était chose sacrée !

La règle oubliée

Certains se souviennent encore de l'excellente et très regrettée revue Jeux & Stratégie, qui, au siècle dernier, offrait à ses lecteurs des pages de problèmes ludiques classiques, de casse-têtes divers, et de petits jeux inédits. Parmi ces derniers, la règle Cannon Ball de Max Gerchambeau, était un petit jeu où deux équipes se disputaient un ballon, dans ce qui pourrait être l'ancêtre de nos football et autre rugby actuels.

Cette petite règle est parfaitement adaptée pour résoudre des différends de toute nature entre barbares un tantinet civilisés. 

Le nom de la Chose

 

Frère Anselme s'était échappé, à moitié seulement. L'autre, à l'en croire, avait été servie en ragout à de hideuses créatures qui avaient investi le pont et massacraient les voyageurs qui se présentaient. Nul ne pouvait en réchapper, paraît-il, et l'odeur qui se dégageait des charniers empestait toute la campagne avoisinante. 

L'évêque Geoffroy ne pouvait croire en la présence d'ogres sur les terres dont il avait la charge, et décida de mener une expédition pour y chasser le mal, quels qu'en soient la forme et le nom. 

Le vaisseau fantôme

 

Les Anglais avaient été rejetés à la mer. Ils avaient tenté prendre Saint Malo, et avaient été repoussés. Harcelés par les miliciens bretons, et poursuivis par l'armée du duc d'Aiguillon, ils avaient rembarqué sur leurs navires réfugiés dans la baie de Saint Cast, au prix de 2.000 morts laissés sur la plage.

Depuis, toutes les nuits, un mystérieux navire apparaissait devant la plage du carnage et terrorisait la population. Certains racontaient qu'il récupérait les âmes des soldats anglais disparus.

Les Trompe-la-Mort

Partout où ils passaient, ils semaient malheurs et désolation. Sans compter que, mercenaires assumés, ces soudards n'hésitaient pas à trahir leur maître pour quelques écus supplémentaires. En fait, les lansquenets se vantaient de n'avoir peur de rien, et s'enorgueillissaient de danser avec la Mort.

Ils ne se doutaient pas qu'ils venaient de lancer un terrible défi, qui venait d'être relevé !

Face au Cauchemar

La presse locale n'en finissait pas de se faire l'écho de rumeurs inquiétantes, où se mêlaient disparitions étranges et cultes d'un autre âge. Cela avait, bien évidemment, attiré de nombreux marginaux, des journalistes en quête de sensationnel, et des pseudo-chercheurs  en recherche de leur propre vérité. Tous ces braves gens convergeaient vers le petit village pour disparaître, alimentant sans cesse la rumeur. 

Mais un jour, la police reçu un étrange appel téléphonique. La voix, presque éteinte, était celle du professeur Druksperet, qui n'avait pas donné de signe de vie depuis plusieurs semaines. Les autorités décidèrent, enfin, d'intervenir.

Louis l'Épieu

Depuis que ces barbares avaient mis la main sur les Gaules, les massacres se succédaient dans la forêt, autrefois si pleine de vie. Les cerfs avaient disparus, et Arduinna, protectrice de la nature, avait juré la perte de cet abominable Louis, responsable de toutes ces tueries. En effet, quand il n'était pas à la guerre, le roi des Francs était à la chasse, afin d'assouvir son inextinguible soif de sang. 

À bout de souffle

Quand elle avait débuté, elle n'était pas censée être aussi longue, cette Grande Guerre. Sur le front occidental, l'enlisement de la situation était une véritable impasse. Tragiquement, ce n'étaient pas que les hommes que l'on enterrait, c'était les armées entières.  Pour mettre fin à ce processus, l'Empire allemand se lança dans une profonde modernisation de sa doctrine et des moyens dont elle disposait. Mais sa supériorité industrielle et technique fut contrebalancée par les efforts des Français et des Anglais qui reprenaient le dessus, d'autant que les Américains avaient enfin choisi un camp et débarquaient en masse.

Pour le Kaiser, il fallait reprendre l'initiative au plus tôt : une rupture technologique était vitale ! Et, quoi de plus déroutant qu'une rupture technologique puisée dans les traditions d'un autre âge ?

Les Lactonautes

C'en était assez ! Depuis de nombreuses lunes, les troupeaux étaient la cible d'énergumènes qui faisaient disparaître les vaches de mystérieuse façon. Ces voleurs à la peau grise, venus d'on ne sait où, les remplaçaient insolemment par de gros blocs de granit, croyant peut-être duper la naïveté des éleveurs spoliés. 

On finit par repérer le campement des malfrats à deux jours de marche du village. Là, ils s'y adonnaient ouvertement à des rites étranges qui modifiaient l'aspect des bêtes, tant au niveau des formes que de la couleur. Il fallait agir !

Expédition en Nérigon

Le beau-fils de l'empereur Auguste avait de l'ambition. Une affaire de famille, sans aucun doute. Nero Claudius Drusus ne voulait pas seulement offrir la Germanie à Rome : il existait, bien plus loin dans le nord, des îles fabuleuses qui regorgeaient, à ne pas en douter, de richesses fabuleuses. Nérigon était l'une d'entre elle. Et derrière elle se trouvait la légendaire Thulé décrite par Pythéas.

Drusus prit le commandement d'une petite armée. Il franchit les confins de l'Empire, et s'enfonça dans la terrible forêt de Germanie. Il eut à franchir de nombreux fleuves, un bras de mer, et arriva là où nul homme civilisé n'avait encore jamais mis les pieds.

L'oasis perdue

Une trêve avait été conclue entre les Francs et les Sarrasins. Si les marchands avaient retrouvé les routes commerciales, les Croisés goûtaient peu cette oisiveté forcée : ils étaient des guerriers tout de même !

Il y avait aussi cette rumeur... Quelque part aux confins du désert de Syrie, existerait une communauté perdue, loin de la mémoire des hommes et du regard de Dieu. Là-bas, ces gens égarés s'adonneraient à des rituels antiques interdits. De vrais païens, comme on n'en faisait plus ! Une mission sur mesure pour nos soldats du Bien tristement désœuvrés...

Griffon, fils du Martel

Le roi mérovingien Chilpéric III n'était qu'un pantin entre les mains de Charles Martel, tous les pouvoirs étant détenus effectivement par les maires du palais. Quand Charles Martel mourut, sa charge fut partagée entre ses fils aînés Pépin et Carloman. Leur demi-frère Griffon, oublié, dut se battre pour défendre ses droits légitimes et sa part d'héritage.

Dès lors, la vie de Griffon ne fut qu'une suite d'aventures plus ou moins heureuses, et de trahisons plus ou moins sincères. Il devait consolider ses alliances pour contrer définitivement Pépin, Carloman ayant sagement choisit de se retirer dans un monastère.

Vol de nuit

Le choix du pilote pouvait surprendre, mais était finalement logique.

Antoine n'était pas un as à proprement parler, et, à 45 ans, il n'était pas censé prendre le manche à balai. Par contre, ses talents d'écrivain et de conteur étaient unanimement reconnus. C'était d'ailleurs pour cela qu'il avait été choisi : s'il devait parler de cette mission extraordinaire, personne ne le croira.