mercredi 30 octobre 2024

À bout de souffle

Quand elle avait débuté, elle n'était pas censée être aussi longue, cette Grande Guerre. Sur le front occidental, l'enlisement de la situation était une véritable impasse. Tragiquement, ce n'étaient pas que les hommes que l'on enterrait, c'était les armées entières.  Pour mettre fin à ce processus, l'Empire allemand se lança dans une profonde modernisation de sa doctrine et des moyens dont elle disposait. Mais sa supériorité industrielle et technique fut contrebalancée par les efforts des Français et des Anglais qui reprenaient le dessus, d'autant que les Américains avaient enfin choisi un camp et débarquaient en masse.

Pour le Kaiser, il fallait reprendre l'initiative au plus tôt : une rupture technologique était vitale ! Et, quoi de plus déroutant qu'une rupture technologique puisée dans les traditions d'un autre âge ?


Des chercheurs du KaiserlichKryptozoologenKorps (KKK) redécouvrirent ainsi une créature oubliée depuis des siècles, qui se tapissait dans une mystérieuse grotte au sud de Munich. Bien que la bête eut perdu l'usage de ses ailes, sa stature imposante aurait certainement un impact psychologique sur le front, et sa disposition naturelle à éructer des gaz toxiques était un atout formidable. Le Drachen fut donc capturé et transféré à l'ouest. Là, les hommes du KKK le gavèrent de choux fermentés afin de décupler ses talents militaires (cette pratique serait encore répandue à notre époque).

Sa première apparition fut un choc. Si les Britanniques encaissèrent en parties les effluves nauséabondes crachées par la bête, les Français, qui avaient des habitudes culinaires moins germaniques, furent profondément remués. Le Grand Quartier Général lança aussitôt une mission dont l'objectif était l'éradication de la monstruosité fétide. C'était aussi l'occasion de tester les tout nouveaux bombardiers Farman F.50, avec le soutien de quelques Caudron R.11, juste au cas où...



Nous jouons sur la règle Le Petit Cirque Volantdisponible sur ce blog, avec les adaptations suivantes : 


- les bombardiers français peuvent tirer sur les autres avions dans toutes les directions à 2 Hex maximum. La cible doit être à la même altitude, ou à un niveau d'altitude d'écart.

Ils touchent sur un score de "6" à 2 Hex, ou sur "5" ou "6" à 1 Hex (voir schéma). Contrairement au résultat du tir d'un chasseur, un résultat de "6" n'entraîne pas la destruction immédiate de la cible mais juste une simple touche.

- les gros Farman F.50 ont une vitesse maximale de 4.

- quand un bombardier passe au-dessus du Draken, même s'il n'a pas fini son mouvement, il peut larguer tout son stock de bombes. Le Draken est détruit sur un score de "6" ou "5" pour un Caudron, ou de "6", "5" ou "4" pour un Farman, quelle que soit l'altitude du bombardier.


- le Draken se déplace de 2 Hex maximum, dans n'importe quelle direction. Il s'oriente ensuite comme il veut.

- le Draken peut détruire tout appareil aux altitudes 1 à 3 situé sur l'un des trois Hex sur son avant.

- si un avion passe sur le Draken à une altitude de 1 ou de 2, il rentre en collision avec la Bête et est détruit. Le Draken, quant à lui, n'a rien.


Les bombardiers français ont décollés. Quatre Caudron R.11 ouvrent la voie à deux Farman F.50.
Côté adverse, la cible pestilentielle bénéficie d'une protection aérienne offerte par un essaim d'Albatros qui virevoltent autour de lui.



Les chasseurs allemands se lancent vers les bombardiers. Les premiers tirs fusent, mais restent sans effet.


Les Caudron ne se laissent pas faire et ripostent aussitôt. Un Albatros est abattu.



Les chasseurs allemands s'interposent avec plus ou moins de succès. S'ils parviennent à toucher les bombardiers, ceux-ci ne sont que faiblement endommagés et continuent sur leur objectif.



Trois Albatros se jettent sur les Farman. Les résultats ne sont pas vraiment ceux espérés...



Les combats virent à la foire d'empoigne. Les tirs des Albatros sont de plus en plus efficaces, et deux Caudron sont abattus. Le Draken tente d'esquiver.



L'un des deux Caudron survivants rate son attaque, et est pris en chasse par un Albatros.



Le deuxième Caudron, profitant de la confusion générale, parvient à se positionner sur sa cible, et largue ses bombes. Un déluge de feu s'abat sur le Draken, magnifié par le nuage de gaz qui entourait l'hideuse créature.



Cette action, bien qu'elle ait précipité la fin de la guerre, sombrera dans l'oubli. Il y a eu suffisamment de monstruosités comme cela...

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